APPEL À CANDIDATURE !
Le Palais de Tokyo s'engage auprès des jeunes curateurs !
"Le Palais de Tokyo dédié à l’émergence des formes les plus nouvelles de l’art contemporain considère qu’il fait partie de ses missions de participer au renouvellement de l’écosystème de l’art."
Le Palais de Tokyo lance un appel à projets -avec des points d'exclamation- pour la Saison des jeunes curateurs 2013.
Personnellement “jeune”, je m’en fous un peu. Sauf pour mes cuisses et ma peau. Et pour certaines pommes de terre que je préfère effectivement très jeunes.
Pour la pensée, pour l’art, je ne vois pas en quoi c’est bien “jeune”.
Moi, j’aime bien quand c’est étonnant, drôle, cocasse, comique, divertissant, intelligent, complexe, nouveau, imprévu, audacieux, singulier, risqué, sexy, violent, dangereux même (sauf pour les enfants bien sûr) compromettant, extravagant, excessif, exigeant, sans compromis, téméraire, aventureux, raffiné, rare… mais jeune: bof. À moins que cela ne le soit vraiment- jeune. Mais permettez-moi de douter que ce soit le cas, ici....
Là, jeune ce n'est pas pour la programmation c'est l'âge du candidat.
Jeune pour un curateur qui veut répondre à l’appel du Palais, c’est moins de quarante ans. Pour Deezer c’est 12-25. D’ailleurs, ils ont une sélection "le meilleur de Deezer pour les 12-25 ans" qui doit être vraiment bien.
Sinon, il y a SFR jeunes talents et “pour vous accompagner au mieux dans vos projets, le Crédit Agricole a une gamme de produits et services adaptés aux jeunes." À partir de 26 ans, il y a la Carte Escapades de la SNCF.
Bref, ne fallait-il pas que le Palais de Tokyo s'engage, lui aussi, auprès des jeunes. Il propose donc aussi lui un pack. Un lot me dit mon auto-correcteur. Puis mon auto-correcteur me propose auto-correctrice. Ben voyons.
On me fait remarquer que ce n'est peut-être pas légal, ce meetic moins de quarrante ans. J'avoue, je n'ai pas le courage de faire une recherche, il ne doit pas s'agir du droit de travail. C'est peut-être de la discrimination positive -quoique je n'aie jamais eu l'impression que les curateurs étaient vieux dans les institutions. Bizarre.
"Le jury sera composé des sept curateurs de l’équipe, du Président Jean de Loisy et de plusieurs personnalités qualifiées."
Ahhh les personnalités qualifiées...
Et non, on n’est pas sur TF1. Ni sur la 6, mais sur le site d’une “institution culturelle (…) où les artistes et les publics d’aujourd’hui explorent l’émergence de manières inédites de faire, de penser et de vivre.”
J’en rajoute ou la citation se suffit à elle-même? En Anglais, ils ont traduit "personnalités" par "notabilities". Au moins ça fera rire. C'est déjà ça.
Mais si j’étais jeune curateur, je ne rigolerais pas, je m’inquiéterais. C’est quand même limite publicité mensongère ou plus vraisemblablement, c'est pour Bricorama… Ou bien c'est un complot des américains pour annihiler toute velléité de la France à reprendre un peu de terrain en art contemporain. "Explorer l’émergence de manières inédites de penser"? Au Palais de Tokyo? Wahou, ça ferait du bruit dans le monde de l’art contemporain ça. Préparez-vous les amis, car plus radical comme proposition de recherche je ne connais pas.
Ce Palais de Tokyo, c'est un lieu “à la personnalité unique (qui) fait interagir la création et la société d’aujourd’hui."
Pincez-moi ou dîtes-moi que je rêve. De quoi parle-t-on? Cette phrase correspond-elle à quelque réalité? Quelle est sa fonction de ce contexte précis? Et moi, je la mets où dans mon cerveau? Et le patron, il a vu qu'ils ont écrit ça sur le site? Il sait qu'ils traduisent avec reverso? D' ailleurs avec un budget de fonctionnement de 12 millions d'euros par an, ils peuvent pas se payer un traducteur?
Bref. ce lieu " invite les publics et les artistes à partager l’aventure de l’émergence de nouveaux comportements, de nouvelles formes, de nouveaux langages, de nouvelles beautés."
Bon, ben là, je vais pas faire l’analyse en détail parce que c'est peut-être nocif aux neurones. En fait, ils ont dû donner la rédaction du brief au stagiaire. Il a fait une école de marketing, il ressort un cas d’étude, mais il se trompe de produit parce que là, on se croirait dans Marie Claire. Je sais, j’aurais dû mettre il ou elle, mais c’est le il de l’humanité qui nous parle ici de "l’aventure de l’émergence de nouveaux langages… "
J’ai loupé quelque chose? Des nouveaux langages? J'étais pas au courant.
“Sélectionnés sur projet, les lauréats témoignent de la réinvention perpétuelle des enjeux du commissariat d’exposition, de leur talent de prospection et de leur capacité à imaginer de nouvelles formes du rapport à l’art.”
Franchement, soit je suis mal baisée (comme a dit un curateur de plus de quarante ans après une de mes newsletters) soit ce n’est pas raisonnable.
En fait, je trouve que c’est grotesque.
Quel curateur sérieux pourrait prétendre “témoigner de la réinvention perpétuelle des enjeux du commissariat d’exposition”?
J’ai presque honte. C’est vraiment stupide, je sais, je n’y suis pour rien, mais j’imagine mon embarras à l’étranger ou devant des amis qui ne sont pas du monde de l'art.
Pour le "talent de prospection", il faudra attendre. Là, ça veut juste dire qu'on n'aura pas la scène française émergente. Mais non, je blague. On l'aura. On ll'aura.
Quant à "la capacité à imaginer de nouvelles formes de rapports à l’art"… oups, c'est singulier, c'est "du rapport à l'art". Je ne sais pas si cela trahit une pensée réductrice ou si c'est encore la faute du stagiaire trop marketing et pas assez art ou si, grâce à ce jeune (curateur), aux sept du Palais et aux peoples qualifiées en 2013 on découvrira de nouvelles formes du rapport à l'art.
Le critique d'art Matthew Collings, à l'occasion de l'exposition "20 000 Mexicains ne peuvent avoir tort" à Londres en 2002, suggérait aux responsables l'idée de demander à un shaman de curater l'exposition.
-Ah non, lui a-t-on répondu, c'est curaté très sérieusement...
Bon. J’espère juste qu’on évitera la participation du public, genre interaction Fisher Price (on appuie sur le bouton et ça fait coin coin), les catégories socioculturelles qui remplacent les problématiques politiques (genre les jeunes d’origine musulmane qui ne parlent surtout pas de choses qui fâchent, ou les femmes…) et les croisements genre art et cinéma… ou pire: art et musique.
Mais voici une information majeure - que j'ai gardée pour la fin: “Cet événement a également pour vocation de manifester le dynamisme de Paris et ses environs à l’occasion d’une initiative partagée par de nombreux partenaires et institutions."
Et ça, vous aurez traduit, ça veut dire pas de trucs choquants, que du gentil, des installations qui ne font de mal à personne. Il faudra réinventer l’exposition sans déranger, enfin surtout pas les partenaires – dont les noms ne sont d’ailleurs pas donnés. Il s’agira donc d'"imaginer de nouvelles formes de rapport à l’art" en "manifestant le dynamisme de Paris et ses environs."
Le dynamisme?
Exercice intéressant- s’il en est. Bon courage les mecs!
Et tout le monde a ses chances car “la sélection se fera en priorité en fonction de l’inventivité du projet, son audace curatoriale et sa pertinence dans le champ actuel de la création."
Et ben si l’inventivité, l’audace et la pertinence des projets de jeunes curateurs sont à la mesure de l'intelligence de l’appel, on va bien s’amuser.
Franchement, ça vous va, à vous, ce discours?
Faut-il accepter ce niveau zéro de réflexion?
Faut-il faire comme si on n'avait jamais rien lu sur l'histoire de l'art et s'adapter? Faire comme si on n 'avait pas lu cet appel?
Comment peut-on sérieusement réfléchir, proposer une production artistique avec ce type de discours comme contexte?
A l'aide!
Sinon, il y a aussi un appel des environs de Paris, celui du Centre d’art de la Maison Populaire, situé en plein cœur de la ville de Montreuil. Mais là, il faut mettre un chèque de cinq euros avec l’envoi de sa candidature. (*)
Personnellement “jeune”, je m’en fous un peu. Sauf pour mes cuisses et ma peau. Et pour certaines pommes de terre que je préfère effectivement très jeunes.
Pour la pensée, pour l’art, je ne vois pas en quoi c’est bien “jeune”.
Moi, j’aime bien quand c’est étonnant, drôle, cocasse, comique, divertissant, intelligent, complexe, nouveau, imprévu, audacieux, singulier, risqué, sexy, violent, dangereux même (sauf pour les enfants bien sûr) compromettant, extravagant, excessif, exigeant, sans compromis, téméraire, aventureux, raffiné, rare… mais jeune: bof. À moins que cela ne le soit vraiment- jeune. Mais permettez-moi de douter que ce soit le cas, ici....
Là, jeune ce n'est pas pour la programmation c'est l'âge du candidat.
Jeune pour un curateur qui veut répondre à l’appel du Palais, c’est moins de quarante ans. Pour Deezer c’est 12-25. D’ailleurs, ils ont une sélection "le meilleur de Deezer pour les 12-25 ans" qui doit être vraiment bien.
Sinon, il y a SFR jeunes talents et “pour vous accompagner au mieux dans vos projets, le Crédit Agricole a une gamme de produits et services adaptés aux jeunes." À partir de 26 ans, il y a la Carte Escapades de la SNCF.
Bref, ne fallait-il pas que le Palais de Tokyo s'engage, lui aussi, auprès des jeunes. Il propose donc aussi lui un pack. Un lot me dit mon auto-correcteur. Puis mon auto-correcteur me propose auto-correctrice. Ben voyons.
On me fait remarquer que ce n'est peut-être pas légal, ce meetic moins de quarrante ans. J'avoue, je n'ai pas le courage de faire une recherche, il ne doit pas s'agir du droit de travail. C'est peut-être de la discrimination positive -quoique je n'aie jamais eu l'impression que les curateurs étaient vieux dans les institutions. Bizarre.
"Le jury sera composé des sept curateurs de l’équipe, du Président Jean de Loisy et de plusieurs personnalités qualifiées."
Ahhh les personnalités qualifiées...
Et non, on n’est pas sur TF1. Ni sur la 6, mais sur le site d’une “institution culturelle (…) où les artistes et les publics d’aujourd’hui explorent l’émergence de manières inédites de faire, de penser et de vivre.”
J’en rajoute ou la citation se suffit à elle-même? En Anglais, ils ont traduit "personnalités" par "notabilities". Au moins ça fera rire. C'est déjà ça.
Mais si j’étais jeune curateur, je ne rigolerais pas, je m’inquiéterais. C’est quand même limite publicité mensongère ou plus vraisemblablement, c'est pour Bricorama… Ou bien c'est un complot des américains pour annihiler toute velléité de la France à reprendre un peu de terrain en art contemporain. "Explorer l’émergence de manières inédites de penser"? Au Palais de Tokyo? Wahou, ça ferait du bruit dans le monde de l’art contemporain ça. Préparez-vous les amis, car plus radical comme proposition de recherche je ne connais pas.
Ce Palais de Tokyo, c'est un lieu “à la personnalité unique (qui) fait interagir la création et la société d’aujourd’hui."
Pincez-moi ou dîtes-moi que je rêve. De quoi parle-t-on? Cette phrase correspond-elle à quelque réalité? Quelle est sa fonction de ce contexte précis? Et moi, je la mets où dans mon cerveau? Et le patron, il a vu qu'ils ont écrit ça sur le site? Il sait qu'ils traduisent avec reverso? D' ailleurs avec un budget de fonctionnement de 12 millions d'euros par an, ils peuvent pas se payer un traducteur?
Bref. ce lieu " invite les publics et les artistes à partager l’aventure de l’émergence de nouveaux comportements, de nouvelles formes, de nouveaux langages, de nouvelles beautés."
Bon, ben là, je vais pas faire l’analyse en détail parce que c'est peut-être nocif aux neurones. En fait, ils ont dû donner la rédaction du brief au stagiaire. Il a fait une école de marketing, il ressort un cas d’étude, mais il se trompe de produit parce que là, on se croirait dans Marie Claire. Je sais, j’aurais dû mettre il ou elle, mais c’est le il de l’humanité qui nous parle ici de "l’aventure de l’émergence de nouveaux langages… "
J’ai loupé quelque chose? Des nouveaux langages? J'étais pas au courant.
“Sélectionnés sur projet, les lauréats témoignent de la réinvention perpétuelle des enjeux du commissariat d’exposition, de leur talent de prospection et de leur capacité à imaginer de nouvelles formes du rapport à l’art.”
Franchement, soit je suis mal baisée (comme a dit un curateur de plus de quarante ans après une de mes newsletters) soit ce n’est pas raisonnable.
En fait, je trouve que c’est grotesque.
Quel curateur sérieux pourrait prétendre “témoigner de la réinvention perpétuelle des enjeux du commissariat d’exposition”?
J’ai presque honte. C’est vraiment stupide, je sais, je n’y suis pour rien, mais j’imagine mon embarras à l’étranger ou devant des amis qui ne sont pas du monde de l'art.
Pour le "talent de prospection", il faudra attendre. Là, ça veut juste dire qu'on n'aura pas la scène française émergente. Mais non, je blague. On l'aura. On ll'aura.
Quant à "la capacité à imaginer de nouvelles formes de rapports à l’art"… oups, c'est singulier, c'est "du rapport à l'art". Je ne sais pas si cela trahit une pensée réductrice ou si c'est encore la faute du stagiaire trop marketing et pas assez art ou si, grâce à ce jeune (curateur), aux sept du Palais et aux peoples qualifiées en 2013 on découvrira de nouvelles formes du rapport à l'art.
Le critique d'art Matthew Collings, à l'occasion de l'exposition "20 000 Mexicains ne peuvent avoir tort" à Londres en 2002, suggérait aux responsables l'idée de demander à un shaman de curater l'exposition.
-Ah non, lui a-t-on répondu, c'est curaté très sérieusement...
Bon. J’espère juste qu’on évitera la participation du public, genre interaction Fisher Price (on appuie sur le bouton et ça fait coin coin), les catégories socioculturelles qui remplacent les problématiques politiques (genre les jeunes d’origine musulmane qui ne parlent surtout pas de choses qui fâchent, ou les femmes…) et les croisements genre art et cinéma… ou pire: art et musique.
Mais voici une information majeure - que j'ai gardée pour la fin: “Cet événement a également pour vocation de manifester le dynamisme de Paris et ses environs à l’occasion d’une initiative partagée par de nombreux partenaires et institutions."
Et ça, vous aurez traduit, ça veut dire pas de trucs choquants, que du gentil, des installations qui ne font de mal à personne. Il faudra réinventer l’exposition sans déranger, enfin surtout pas les partenaires – dont les noms ne sont d’ailleurs pas donnés. Il s’agira donc d'"imaginer de nouvelles formes de rapport à l’art" en "manifestant le dynamisme de Paris et ses environs."
Le dynamisme?
Exercice intéressant- s’il en est. Bon courage les mecs!
Et tout le monde a ses chances car “la sélection se fera en priorité en fonction de l’inventivité du projet, son audace curatoriale et sa pertinence dans le champ actuel de la création."
Et ben si l’inventivité, l’audace et la pertinence des projets de jeunes curateurs sont à la mesure de l'intelligence de l’appel, on va bien s’amuser.
Franchement, ça vous va, à vous, ce discours?
Faut-il accepter ce niveau zéro de réflexion?
Faut-il faire comme si on n'avait jamais rien lu sur l'histoire de l'art et s'adapter? Faire comme si on n 'avait pas lu cet appel?
Comment peut-on sérieusement réfléchir, proposer une production artistique avec ce type de discours comme contexte?
A l'aide!
Sinon, il y a aussi un appel des environs de Paris, celui du Centre d’art de la Maison Populaire, situé en plein cœur de la ville de Montreuil. Mais là, il faut mettre un chèque de cinq euros avec l’envoi de sa candidature. (*)
pour recevoir la newsletter envoyer un mail à : huda.shaa@gmail.com
No comments:
Post a Comment