Saturday, July 28, 2012

Ce texte est-il écrit pour être lu?

Voici un texte qui m’a été envoyé par une amie artiste.
Une blague. Enfin pas tout à fait. Le contexte devrait être sérieux. Il s’agit de la présentation d’un projet d’artistes par un centre d’art contemporain parisien.
Ma première réaction a été de me dire: encore un, encore un texte avec lequel on n’est ni informé et ni d’accord ni pas d’accord. Un système de phrases qui résiste au sens. Et puis maintenant, je me demande surtout pourquoi on me parle comme ça. Pourquoi les institutions écrivent-elles comme ça ?
Ça commence direct : «Aspirant à un art permettant un retour à la réalité économique et sociale dans notre société (…) le duo oriente ses actions vers des formes d’interventions spécifiques.»
Que signifie un retour à la réalité économique de notre société ? Un retour à un « avant » - qui était mieux ? Plus réel ? Aurait-on dépassé quelque chose ? Serait-on en train de vivre une post-réalité économique ? Intéressant comme postulat de science fiction, mais je ne vois pas du tout ce que cela représente ou signifie… Lorsque l’auteur utilise le terme de réalité économique et sociale veut-il parler de l’expérience quotidienne des ménages que l’économie analyse à travers leurs types de consommation, leurs niveaux d’endettement, leurs revenus, leurs recours à différentes formes de financement, les taux et les coûts de l’emprunt, les rachats de crédit et bien sûr les variations qualitatives, quantitative et dans le temps de toutes ces données. L’auteur fait-il référence à la réalité d’un groupe de gens (forcément faux par rapport à chaque membre du groupe) ou celle d’un individu ? Et notre société, c’est laquelle ? Celle des Français, des bourgeois, les artistes, des détenteurs du RSA, des Européens, des Occidentaux ?
Et la réalité sociale ? Aïe, on n’est pas sur TF1 quand même. Quand je lis «aspirant à un art permettant un retour à la réalité sociale», j’ai l’impression qu’il manque des mots. Ou qu’il y en a en trop. Bref, je ne comprends pas.
En fait, j’avoue, je suis un peu politiquement énervée par la dangereuse confusion entre réalité économique et analyse. Et puis énervée tout court quand on me parle d’interventions spécifiques sans me dire en quoi elles sont spécifiques. On pourrait mettre une négation et ça passerait pareil. Spécifiques ou non spécifiques, ça fait la même chose au cerveau. Quant aux rencontres croisées et le questionnement de la notion de propriété : Pffffff.

Ma question est : Ce texte est-il conçu pour être lu ? Si oui par qui ?
Suis-je hors de la cible de la communication de ce centre d’art contemporain- une initiative du Conseil régional d’Ile-de-France, qui reçoit le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Ile-de-France et, dans le cadre de son action au Plateau, de la Mairie de Paris, qui est membre du réseau Tram, de Platforme, regroupement des FRAC et de DCA- et donc pas concernée par ce texte…
Suis-je mal baisée- ah ben oui, il paraît qu’il transparaît de mes textes que je suis mal baisée. Je serais mon amant que je ne serais pas content d’entendre ça d’un critique d’art. Car voyez, on ne dit pas elle baise mal mais c’est une mal baisée.
Ou est-ce qu’il y a quelque chose qui m’échappe ? Est-ce que tout le monde sait que ça ne veut rien dire ? C’est quand même bizarre, non ? C’est pour quoi faire ces textes de présentation ? Si j’étais parano (en plus de mal baisée) je me demanderais s’il n’y a pas une conspiration dans tout ça.
Suis-je en dehors de la réalité si je ne vois pas du tout ce que sont dans la pratique des liens qui entraînent de la part du public de nouvelles attitudes (dans le contexte d’une armoire placée dans « un ensemble de logements collectifs parisiens »).
Tiens d’ailleurs, ensemble de logements collectifs, ça veut dire HLM ou simplement immeubles ? Immeuble de grand standing ouvert à tous ? Hum… Je ne sais pas.
À Paris, je ne connais que très peu de gens qui vivent hors de logements collectifs. J’ai bien une copine qui a une maison mais c’est à Montreuil et elle n’a pas de parties communes où une armoire pourrait «témoigner de l'aspect privatif du lieu où elle est placée »…
Re- pffffff.

Ça ne peut pas être pour moi, ce texte. Ce n’est pas possible. Alors c’est pour qui ?
Ben, je voudrais bien savoir.

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