Monday, November 25, 2013

OBRIST AU QATAR

Cher Hans-Ulrich Obrist,

Sur curateaward.org, vous lancez un appel à projets avec une vidéo très étonnante (voir la vidéo sur le site et la traduction en français en bas de page)

Il n'est fait mention ni des honoraires du super gagnant ni du budget de production. Ça fait rêver, sachant que les Autorités du Musée du Qatar qui accueillent le projet disposent par an d'environ un milliard de dollars pour acheter des oeuvres, presque trente fois ce qu'a dépensé le MoMA l'année dernière et cent soixante quinze fois ce que la Tate a investi. (Artreview)
Ce qui est encore plus extraordinaire, c'est qu'il n'y a aucune restriction de thème. Je vous proposerais bien « La plus grosse exposition de peinture de tous les temps » (dont voici le Tumblr et une présentation) mais je crains que ce soit terriblement haram (c'est-à-dire dire illicite, interdit par l'islam). Je ne voudrais surtout pas faire ce qu'appelle Jaham Al-Kuwari, l'ambassadeur du Qatar en France du Qatar bashing, mais tout de même, je me pose des questions sur cet exercice d'adaptation à des préceptes fascistes.

ON NE DIRA RIEN si on se fait violer, ou si on apprend que quelqu'un s'est fait maltraiter. On a en tête l'histoire d'Eman al Obiedi, expulsée vers la Libye après avoir accusé publiquement des militaires lubies de viol. (AmnestyInternational). Sachant que trois résidents sur quatre sont des hommes (TheGuardian), on préviendra les femmes de l'équipe : on se cache, on ne frime pas.

ON NE FERA PAS DE COMMENTAIRES sur le voile que porte Sheikha Al-Mayassa (quatorzième enfant des ving trois du cheikh Hamad ben Khalifa Al Thaniet de sa fameuse deuxième épouse Mozah), à la tête de l'Autorité des Musées du Qatar, et placée par artreview au top des cent personnes les plus importantes du monde de l'art. On fera comme si cette marque d'infériorité n'était pas prescrite par Le Coran (sourate 33v57). On ne va pas faire tout un foin sur la supériorité des hommes par rapport aux femmes ni sur le précepte de les battre si elles menacent de désobéir (sourate 4v38) ni sur la métaphore « ta femme est ton champ, use en à ta guise » (sourate 2v223).

PAS DE REVENDICATION, sur place, de quoi que ce soit qui gêne. Ne faisons pas comme Zahir Bélounis, ce footballeur franco-algérien, parti jouer au Qatar en 2007, qui en 2013, décide d'attaquer son club qui ne lui verse plus de salaire depuis près de deux ans. S'il veut son visa de sortie, il doit d'abord retirer sa plainte. (RFI) Alors, ça, Hans-Ulrich, c'est archi bien noté, parce que coincé là-bas, c'est le cauchemar.

PAS DE MARQUE DE SOUTIEN au printemps des peuples, vu comment a été réprimée la manifestation Shiite. OK, motus et bouche cousue sur ces événements, je fais passer la consigne. De toute façon, tout le monde le sait qu'ils arment les branches djihadistes islamistes sunnites. Sept milliards de dollars aux frères musulmans égyptiens quand ils étaient au pouvoir, c'est pas mal non ? (LeMondeDiplomatique)

RIEN QUI DÉPASSE DU MUSÉE, SURTOUT PAS DE REPRÉSENTATION HUMAINE pour pas finir démantelé, comme le bronze monumental d'Adel Abdessemed, condamnée comme idole anti-islam et donc retirée. (AlJazzera) Apparemment, dedans, ce n'est pas pareil. Pourtant, d'après Sheikh Ibn Baz, le prophète  a dit : « Les anges n'entrent pas dans une maison dans laquelle il y a une image ou un chien. » (rapporté par Al-Bukhari et Muslim dans Al-Fatawa min Silsilati Kitab id-Da'wa, Vol. 1, pp. 19-20 et Fatawa 'Ulama' il-Balad il-Haram, pg.568.)

PAS DE NUDITÉ, sous peine de voir tout disparaître au vernissage, comme pour l'exposition consacrée à l'histoire de l’olympisme, de l’Antiquité grecque à nos jours, où les sculptures grecques ont disparu. (Libération) Le directeur du musée de l’Olympisme et des Sports, l’allemand Christian Wacker, avait annoncé la plus importante exposition jamais vue dans le monde sur ce thème. Eh ben, jamais vue, c'est ça.

QUE DU BIEN SUR LA FAMILLE ROYALE : pour ne pas finir en prison, comme le poèteMohamed Ibn Al-Dheeb, condamné à quinze ans de prison pour avoir écrit un poème considéré comme critique envers la famille royale. (AmnestyInternational) OK, de notre côté, c'est clair, on tape pas sur le sponsor.

PAS DE RÉFÉRENCES HISTORIQUES, même pas celles des livres d'histoire, et je ne vous parle pas de nos ancêtres les gaulois. Je n'ai pas envie de finir comme Hafid Adnani qui dirigeait le lycée Bonaparte à Doha et qui a été incarcéré à la suite d'une accusation pour « attitude anti-musulmane ». (Mediapart) S'agissait-il en fait d'un désaccord sur le contenu du programme d’histoire et de sciences naturelles ? (France24) Ah, bah, la négation de l'histoire... c'est pas si grave...

PAS DE MENTION devant tout Qatari de moins de 18 ans de l'existence d'une religion autre que l'islam (l'Express). Pas de fétiches africains, pas de boudhas, pas de philosophie.. enfin presque rien quoi...

PAS D'HOMOSEXUEL(LES). C'est illégal. Pour être choisi par Hans-Ulrich comme curateur, faudra pas faire semblant de ne pas en être, vu que les médecins mettent en place un système de détection pour empêcher les hommes homosexuels d'entrer dans le pays (Pinknews).

PAS DE DÉMONSTRATION PUBLIQUES D'AFFECTION entre un homme et une femme. Ok, on se fera des bisous une fois rentrés. Et pour l'intérieur du musée on peut montrer de l'affection ? Et de la révérence ? Du béguin ? De l'énervement ?

PAS D'ISRAÉLIEN(NE)S: En effet, « les personnes qui possèdent un passeport israélien ne peuvent pas entrer au Qatar. » (hoteltravel.com) Et si je m'appelle Sarah Rosenblum, vous croyez que j'ai mes chances ?

PAS DE MUSULMANS DEVENUS ATHÉES, ni de convertis à une autre religion, car la liberté de conscience n'est pas acceptée dans ce pays, comme dans tous les pays où la religion officielle est l'islam d'ailleurs. L'apostat est passible de la peine de mort comme l'exprime Youssef al-Qaradawi, le télé-islamiste attitré d’Al-Jazeera. (Youtube) Ce spécialiste de la charia répond d'ailleurs tous les vendredis pendant une heure, aux questions de spectateurs arabophones du monde entier, en particulier sur ce qui est licite (autorisé en islam) ou illicite (interdit en islam), comme par comment peut-on battre sa femme, où peut-on frapper ? Il rappelle aussi régulièrement les préceptes du Coran concernant l’obligation du Dhijad.

PAS DE MIXITÉ. En effet, si, comme à la Banque Islamique du Qatar des Champs-Élysées à Paris, les hommes entrent par la grande porte, majestueuse, et les femmes à part, par ce qui ressemble à une porte de service, on ne fera pas de commentaires et on vous rejoindra à l'intérieur, Hans-Ulrich. Ça doit remettre les idées en place, l'expérience de ce type de ségrégation. En revanche, si on doit aller faire des recherches à la bibliothèque de l'université, il faudra faire un groupe femmes et un groupe hommes, car ce n'est pas mixte. Mais au point où on en est, on ne fera pas d'ennuis pour ça.

ON OUBLIERA L'ESCALAVAGE : On tachera pour cela de ne plus avoir en tête les images de ces ouvriers qui supplient qu'on leur rendre leur passeport. On fera comme si cette horreur n'était qu'une différence culturelle, vu qu'ils sont « adoptés » par des maîtres qataris conformément à la charia. (L'Express) On fera comme si on ne savait pas qu'ils sont placés sous une tutelle juridique bafouant les normes internationales. En effet, un employé de peut pas changer de travail, quitter le pays, obtenir un permis de conduire, louer un logement ou ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de son sponsor, ou tuteur, dit kafil, qui peut de son côté mettre fin à son parrainage quasiment à tout moment et renvoyer la personne dans son pays d'origine. (Mediapart) 4 000 d'entre eux pourraient d'ailleurs mourir sur le chantier du grand stade vaginal pour le Mondial 2022. (LeMonde) De toute façon, j'ai jamais été bonne avec les chiffres. (AmnestyInternational)

En fait, je dis qu'on oubliera l'esclavage... Oublier n'est pas le mot. Pour son exposition au Mathaf, Adel Abdessemed présente plusieurs pièces dont « Hams » (qui signifie « impostures » ou « simulacres »), des hauts-reliefs et des statues reconstituant un chantier ou une mine dans laquelle des ouvriers portent d'énormes sacs sur leur dos, surveillés par des gardes armés. Dans le hall d'entrée du musée, il a réalisé un vase « de plusieurs mètres de haut, aux flancs entièrement couverts de faux bâtons de dynamite et de pseudo-bombes reliées par de vrais câbles à des réveils ». (LeMonde) Ces deux pièces monumentales n'ont pas été censurées car elles ne sont pas en opposition avec l'islam. Et ce qu'on croit être une critique n'en est peut-être pas vraiment une... en tout cas pour les autorités. Alors, si vous avez envie de faire une installation gigantesque sur les habitudes de putsch du pays, sur les Bidoun, ces pauvres bédouins sans nationalité, le fait qu'un Qatari qui se marie à une non-musulmane perd une partie de son revenu, ou que les femmes ne peuvent marier des étrangers (C. Chesnot, G. Malbrunot « Qatar ») ça sera sûrement possible.


Cher Hans-Ulrich, est-ce pour se moquer des qataris que vous nous proposez de « collaborer » sachant que dans la mesure du possible, on suivra les habitudes culturelles de ses hôtes ultra-généreux ? Est-ce pour réveiller le monde de l'art occidental avec un message politique performatif ? Sur qui porte la blague, eux ou nous? Je ne sais pas... Et puis, c'est très gentil d'inviter n'importe qui à curater, mais est-ce parce que vous vous doutez que beaucoup de professionnels s'abstiendront ? Pourrait-on imaginer un chirurgien-award ouvert à tous ? Bizarre... La Cheikha Moza a beaucoup oeuvré pour les femmes, comme avec la nomination de la violoncelliste coréenne Han-na Chang à la tête du Philharmonique du Qatar... mais j'ai quand même de très sérieux doutes. Surtout qu'avec cette vidéo type pub de voiture, vous dites clairement au monde de l'art que vous êtes cynique...

Comment faites-vous Hans-Ulrich, ou que nous conseillez-vous de faire concernant:

- l'infériorité des femmes,
- l'illégalité de l'homosexualité,
- la non-liberté de conscience
- la haine des juifs
- l'esclavage
- la négation de l'histoire

Faut-il s'adapter à ces principes totalitaires ? S'agit-il d'accepter leur(s) différence(s) omme on devait accepter la différence culturelle des nazies ? Doit-on faire comme si notre présence pouvait contrer cet apertheid des sexes ? Faut-il laisser passer ? Mais pour quoi faire ? Dans quel but ? Quelle est l'idée de ce projet ? Une nouvelle forme de gentille colonisation ? Ou est-ce qu'on plutôt veut bien un peu de leur argent. Il y en a tellement... On va quand même bien réussir à en faire quelque chose... Allez, on oublie l'infériorité des femmes, et l'illégalité de l'homosexualité, ça leur passera à force...


« Tout ce que nous choisissons, ce que nous collectionnons et gardons près de nous a du sens. Si votre rêve de curater à une plus grande échelle, pourriez-vous, d’une idée et d’éléments choisis, construire une exposition ? Faire réfléchir les gens Votre message serait-il provoquant ? Aurait-il des résonances culturelles significatives ? Le prix curateur de l’Autorité de Musée du Qatar et de la fondation Prada est ouvert à tous. Que vous soyez du monde de l’art ou pas, il n’y a ni restriction de médium ni de thème. Le gagnant sera jugé sur les seuls critères de créativité et de pertinence sociale. Vous pouvez  postuler en proposant une vidéo qui présente votre idée. Alors vous, qu’est-ce que vous curateriez ? »

OBRIST IN QATAR


Dear Hans-Ulrich Obrist,

On curateaward.org, you're launching a call for project with a very weird video (shown on their website) .

The production budget and the lucky winner's fees are not mentioned. A dreamed situation! The Qatar Museum Authorities hosting the project are "estimated to spend $1 billion per year on art – or roughly 30 times what MoMA spent on artwork in its last financial year and a whopping 175 times what Tate invested". (Artreview)
What's even more extraordinary is that there is no restriction of theme. I'd very much like to submit the project I'm currently working on: "The biggest painting show - ever" (view the tumblr or read the press release), but I fear it might be awfully haram (illicit or against Muslim principles). Far from me to want to indulge in "Qatar bashing" as Jaham Al-Kuwari, Qatari ambassador in France has it (JDD in French). But I must admit I have serious questions though, in particular around the exercise in adapting to totalitarian guidelines.

NOTHING WILL BE SAID if one is being raped or if one witnesses an assault. You might remember Eman al Obiedi, who dared to accuse publicly Libyan militaries to have abused her and was been sent back to her country. (Amnesty International) As three residents out of four are men (The Guardian), I would urge all female members of the team to wear whatever it takes to hide.

NO COMMENT WILL BE MADE on the veil worn by Sheikha Al-Mayassa, cheikh Jassim bin Abdul Aziz Al-Thani Al-Wajbah's wife number two, head of the Qatar Museum Authorities, and number one of the ten most important people in the art world (artreview). It might be peculiar to discuss ones feminist practice with someone obeying this precept (The Quran, 33v58) and accepting "to lower their gaze and be modest" (The Quran, 24v30). We shall also try not to think about the metaphor "your wife is your field, use it as you please..".(The Quran, 2v 222)

FORGET ABOUT YOUR RIGHTS if you don't want to end up like Zahir Belounis, the French professional footballer trapped there since June 2012 because of a legal dispute with his former club al-Jaish, over two years' unpaid wages. If he wants to get out, he needs to withdraw his complaint (The Guardian). That is very well understood, Hans-Ulrich. The curator and artists will be asked to shut their mouth if anything goes wrong in terms of work contract - or as a matter of fact anything at all.

DO NOT SUPPORT Shiite rebellions. Keep in mind the way their last demonstration was repressed. Anyway everybody knows Qatar provide arms to the djihadists of Sunnite Islamist movements. And seven billion dollars given to the Egyptian Muslim Brothers when they were still in power, that was quite something, wasn't it? (Monde Diplomatique in French)

DO NOT SHOW ANY HUMAN REPRESENTATION OUTSIDE THE MUSEUM: if you don't want it to be removed like Adel Abdessemed's monumental bronze sculpture of Zidane, as an "anti-Islamic idol". (Al Jazzera) Apparently, the sharia law doesn't quite apply inside. Which is quite weird as Sheikh Ibn Baz states that the prophet said "Angels will not enter a house where there's an image or a dog." (Al-Bukhari & Muslim in Al-Fatawa min Silsilati Kitab id-Da'wa, Vol. 1, pp. 19-20 and Fatawa 'Ulama' il-Balad il-Haram, pg.568.)

FORGET NUDITY, if you don't want your work to be taken away as were the antique Greek athletes sculptures during "The Olympics – Past and Present" exhibition at Alriwaq Doha last April. OK. Let's make a note of it.

ONLY GOOD THINGS ABOUT THE ROYAL FAMILY if you don't want to spend the next fifteen years in prison like Mohamed Ibn Al-Dheeb, the poet who dared write a poem that was critical of the royal family (Amnesty International). OK, I'll make a note of it and forward it to the team.

NO HISTORICAL REFERENCES, not even what you might find in A-level history books, as you don't want to be incarcerated as was Hafid Adnani, former director of the Doha's French lycée, accused of "anti-Muslim attitude". It seems that there was a disagreement between the secular mission and the Qatar authorities on the content of history and biology books.

NO MENTION OF ANOTHER RELIGION in front of a Qatari under 18. (l'Express). No African fetish, no Budhas... no crucifixions... no philosophy... Pfff, it's too long a list to write it.

NO GAY CURATORS, NO GAY ARTISTS and no gay partners. No gay nothing nowhere. It's illegal. Good for you you're straight Hand-Ulrich! And if you think you're clever and can fool customs, you might not pass the detection system they're setting up to prevent homosexuals from entering the country. (pinknews)

NO PUBLIC DEMONSTRATION OF AFFECTION between a man and a woman. OK. I'll take it might not really be welcome inside the museum either, but one must check it out... What about demonstration of annoyance? Of respect? Of desire?

NO ISRAELI CURATOR OR ARTISTS, as people with Israeli passports cannot enter the country. What about if I'm called Sarah Rosenblum, do you think I should still apply, Hans-Ulrich?

DO NOT APPLY IF YOU COME FROM A MUSLIM FAMILY AND YOU'VE BECOME ATHEIST or if you have converted to another religion, as the freedom of conscience is not accepted there, as in all other countries where Islam is the official religion. Apostasy is punishable by death as Youssef al-Qaradawi, Al-Jazeera tele-islamist states so. (youtube) This Sharia specialist will also answers every Friday questions you might have about what's licit or not, like when you can beat your wife, and where and how you can punch. He also regularly reminds the believers of the Jihad's obligation.

ACCEPT GENDER SEGREGATION ON SITE. If it's like in Paris' Islamic Bank of Qatar, men enter through an impressive golden door when women are asked to enter by the back door, we'll deal with it... It's probably quite something to experiment such segregation anyway. On the other hand, it might be more complicated if a team of male and female artists want to do some research in the university's library as there's one for each sex.

FORGET SLAVERY: The curator and the team of artists are advised not to look at videos showing workers begging for their passports before going there, or before writing their project, as slavery is, in this case, cultural difference. The workers are "adopted" by Qatari masters according to the Sharia law. They can't change job, leave the country, get a driving licence, rent a flat or open an bank account without the permission of their sponsors or kafils. The team should also try and forget about the announced death rate on the vaginal football stadium as 4000 people might lose their life before it opens. (The Guardian)

But when I say forget, it's not quite as simple as that. For his Mathaf's exhibition Adel Abdessemed showed several pieces, which could be seen as political critique, but which haven't been censored. In "Shams" (which means "deception" or "simulacrum"), he has reconstituted a building site where workers carry enormous bag on their shoulders under the surveillance of armed guards. In the entrance hall, he has installed a monumental vase covered with false dynamites sticks and pseudo-bombs linked to alarm clocks (Le Monde) These two pieces haven't been censured because they are not contrary to islamic practices and laws. And what we might think is a critic might not quite be so... SO it you fancy a huge installation dealing with the putsch habits in the country, the "Bidoun", Bedouins without nationality living in Qatar, on the fact that a Qatari who marries a non-Muslim woman would loose part of his income, or that women can marry foreigners (C. Chesnot, G. Malbrunot "Qatar")... that should be possible.


Dear Hans-Ulrich, are you taking the piss out of the Qatari by being part of this project, knowing that insofar as possible, one shall respect the cultural specificities from so generous hosts? Is it to awake the Western art world with a performative and political message? Is the joke of them or on us?

It's very nice of them to invite whoever wants to curate, but is because you know most professionals won't even think twice about it? Would you for example imagine a surgeon-award, open to everybody? This is weird. Cheikha Moza did a lot to try and change women's condition there, like by nominating the Korean musician Han-na Chang at the head of the Qatar Philharmonic orchestra, but I still have serious doubts. Especially with a video that looks like a Tosco add, nobody in the art world will think your investment in this project can be genuine or non-cynical...

Please tell me, Hans, what do you do, or what do you suggest we should do regarding:


- women's inferiority
- homosexuality's illegality
- the non freedom of conscience
- the hatred of Jewish people
- slavery
- the negation of history


Would you advice us to adapt to these fascist principles? Should we accept them as difference(s)? Like one should have accepted Nazi's difference when they offered lost of money? Should one tolerate this gender apartheid? What for? What's the idea behind the project? Is this a new form of colonisation "we'll come to you and show you who to do it, and at the same time, we'll try and make you understand about homosexuality and women being equal to men.”? Is it that maybe something will come out? When there's no budget limit, there must be ways around differences... let's forget about women's inferiority for a while as well as homosexuality being illegal, they'll grow out of it eventually...

Friday, October 18, 2013

The biggest painting show ever: an anti prize-for emerging-artists

“The biggest painting show ever” is a proposal for an exhibition of paintings from the 20th and 21st centuries at the Palais de Tokyo in Paris.
To get an idea of the project, please scroll down the TUMBLR.



I’ve recently received an invitation for yet another French biennale. The card promised “54 artists from 9 European countries and the JCE prize”. It could easily have been “564 artistes from 7 European Countries and a happy winner.” No, this is no fairground announcement; it’s the French art scene. The official one.
Meanwhile, at the Ricard Foundation, four artists are in competition for a “prize awarded to one of the most representative artists of their generation.”*
I would very much like to know why 54 artists out of 9 countries is a good thing or why this is put forward as a communication argument. I’m also wondering how being the most representative of a generation is worthy of a reward. I must have missed something here. I didn’t even know it was part of the game. On the other hand, It I’m not sure if it’s really about people being born at around the same time, having lived through the same events, (in one country I suppose) or if it’s more about the notion of an art scene, theoretical positions, a certain discourse, style. Is it about representing other artists? Better than they do themselves? What if it’s a sluggish generation, should one represent sluggishness in a strong and effective way or be very sluggish oneself? I call a friend, as I feel a bit lost. She tells me it’s about rewarding an artist who represents the idea the jury has of how artists should represent their generation. It’s tautological, she says. As for those who represent minorities or the “voiceless”, people who just do not do thing like others, they don’t stand a chance: they won’t win the “pétanque” championship. That’ll teach them all right.
In 2000, a year after the first Ricard Prize, a group of collectors launched the Marcel Duchamp Prize: “Its ambition is to honour a French artist or artist residing in France, representative of his or her generation and working in the field of the plastic and visual arts (…) keeping with the essential artist after whom it is named, this prize wishes to bring together the most innovative artists of their generation on the French scene and encourage all of the new artistic forms, thereby stimulating creation.”*


How does one “encourage”, support or stimulate all new artistic forms by singling out one artist? How can one be the most representative, and at the same time, the most innovative? How does one bring artists together by honouring just one? Or is it the more about to honouring someone by bringing others together? I don’t get it. I’ve got the feeling that the Adiaf* (the organization behind the prize) has a bit of a right wing approach to art. In fact, it reminds me of Sarkozy’s speeches.
Anyway, with a panel of judges, it’s supposed to be politically safe and democratic, as one cannot really ask for explanations. They talk, deliberate, and take action. It has even become a TV show recipe, adaptable to various practices, but always with its winner, its prize, and contenders to be eliminated. It’s highly educational for the masses. It gets them used to being rejected, ostracized and sacked. Milton Friedman’s principles with a hint of Roman taste for blood, always fun to watch. You can even make people participate, take responsibility, and pay for their own votes. That’s what the “Sciences Po Prize for Contemporary Art” is doing (Science Po is somehow the equivalent of LSE) “On top of the prize given by a jury of prestigious and surprising names, (…) there is a Symbolic People’s Choice Award” (where students, teachers and employees can vote). There’s an important reminder on their website: “Remember to visit the exhibition before voting” and something about the final event: “There will a cocktail party, several DJ sets and performances. But entry is by invitation only...” They must have a very bright communication teacher there.
I do wonder if these French prizes are trying to copy the Turner Prize. I remember watching it live in 1999 on Channel 4, when Tracey Emin left the set. It was strong - you’ve lost me there- a real performance and a good show. I then left the UK and I’m not sure it went on being so much fun
Let’s cross the Seine again. We’re not going far at all: “What do you think of the Meurice Prize for contemporary art and the artists who have been pre-selected? With glamour or humour, levity or passion, write your comments.”* (Given the price of the room, I’m not going to correct their own English mistakes, am I?)

On the French version of the site, there are four comments, on the English one, a few more including: “great site”, “great”, “great idea”, “awesome”, and “I love this site”. It’s yet another panel of judges taking decisions here, including Colette Barbier, president of the Ricard Foundation, neighbour and the person who first re-introduced the idea of art prizes in France.
“Artistic creation has, since 1835, been essential to the art of living at Le Meurice, where art coincides with a certain French genius. Such luxury is the kind that gives expression to creativity and innovation, to art in its highest form.”* that’s the prize background. “Deconstructing our belief systems and preconceived ideas”*, that’s what the artist is doing with the piece “Arabs and services”, which won him the competition. Sorry, Neil, I like your work, but I’m also deconstructing here.
“Admission is free. The exhibition invites each and every one to discover the work of these young artists; equally importantly, it offers these “future greats” a fabulous showcase for the attention of curators, collectors and other important figures in contemporary art...” I’m not going to comment on this, as I do not wish to be accused again of slagging off unpaid interns.


Oups, I nearly forgot about the Audi Talents Award*, launched a year before. Seven winners since it started. One woman. If you take all disciplines: twenty-nine winners, four women. OK, it’s a boy’s talent club… The last chosen one is Ivan Argote, who “speaks about the future looking at History in the eyes.” Sorry Ivan, I know it’s more copying than really deconstructing… Sorry.

Anyway… Isn’t it weird to think that a prize given once a year to an artist will give the French scene international visibility? Are they going back to the old French community schools tradition of distributing end of the year prizes for the best pupils?
What sort of intellectual emulation does this create? What kind of context does it promote? Can we talk about it or is it taboo? I know it’s always good when artists get money, but still… I’m bored.
Liberal ideologies imply that competition is the best way to create wealth, but it’s not quite so clear anymore, is it? Are principles of prizes distribution not a bit backwards? Do we really need that in art at the present? Shouldn’t this be the kind of ideas artists should “deconstruct” like the press release has it?
May the best man win! Sorry, but I do find it corny, cheesy, old fashion, right wing, boring, and most of all anti-art.

“The biggest painting show ever” is therefore a sort of anti-prize. No panel of judges with renowned members. This is not a trial, nor an audition, nor a TV show. No winner and no losers. This is not a horse race, nor a cockfight, nor a Monopoly game. No super representative artists, no initiation rituals, and ceremonies.



French institutions tend to use the term “emergent” rather than “representative”. They refer to very different notions but are, at the same time quite exchangeable, like passkeys or Scrabble jokers. As a matter of fact, I do hope this is the visual counter-argument that comes out of the TUMBLR.
I hope it shows -and that something else than the emergence of young emergent artists is taking place. I’d be surprised if you thought about that while scrolling down the site. I reckon the idea of emergence is not even there. No revelation: this is not Christian art anymore. Something else is happening.
Maybe I’m wrong but I’ve got the impression that similarities are more important than differences on this TUMBLR. The longevity of painting is astonishing, even in the most radical and recent practice but there is something about this hyper production that is not only referring to quantities. It seems to have reached the stage where quantity becomes quality. Like when water is hot, very hot, and then so hot that it becomes gas. A new phenomenon. Maybe it’s not so much about counting artists on the list but more the effect of this unique mass of art. Maybe the whole collection is like on piece of work. Maybe one should think about it as music. Like Adorno talked about tensions within artworks, it could be about unresolved contradictions within this accumulation? Excess is a vague and flexible term, but when does it start to become this physical event through which something else is being performed? Are we going through a certain radical change in society, like when artists started to sign with their name at the end of the middle ages?
The web technological revolution is probably as strong a historical transformation as the beginning of printing, or as capitalism.

 


As for the petition… Well, it’s a sort of joke, of course.
A performative joke… for which I need you. So please SIGN
And I shouldn’t explain a joke, should I?



-Sorry about the English mistakes-

La plus grande exposition de peinture : un anti prix-pour -émergents

« La plus grande exposition de peinture » est une proposition d’exposition de peintures du XXe et XXIe siècles sur les milliers de mètres carrés du Palais de Tokyo. Pour avoir une idée du projet, parcourez le TUMBLR.



Récemment, une certaine Biennale d’art contemporain annonçait sur son carton d’invitation : « 54 artistes issus de 9 pays d’Europe et le prix JCE ». Elle aurait pu tout aussi bien promettre « 654 artistes issus de 14 pays d’Europe et d’Asie et un heureux gagnant ». Or, non, ce n’est pas la fête foraine, c’est le monde de l’art contemporain français. Enfin, le monde officiel.

Pendant ce temps, chez Ricard, quatre artistes sont en compétition pour le prix « décerné à un des artistes les plus représentatifs de sa génération. »*
Je voudrais qu’on m’explique pourquoi 54 issus de 9, c’est bien et en quoi ça mérite une récompense d’être l’artiste le plus représentatif de sa génération. Je dois manquer quelque chose. Je ne savais même pas que ça faisait partie des règles du jeu. Et d’ailleurs, s’agit-il de génération dans le sens d’années de naissance ou est-ce plutôt l’idée de scène, de positionnement, de discours, de style ? S’agit-il ici de représenter les autres artistes, ceux qui ont à peu près le même âge, et cela encore mieux qu’eux ? Et si c’est une génération de mous, faut-il très bien représenter la mollesse ou être très mou soi-même ? J’appelle ma copine France Vallicioni car je sens que quelque chose m’échappe. Elle m’explique qu’il s’agit de récompenser « un artiste correspondant à l'idée qu'on se fait de l'artiste qui doit représenter sa génération. C'est tautologique. » Quant à ceux qui représentent des minorités pas intéressantes, qui ne ressemblent à personne ou qui sont un peu en avance, eh ben, ils ne risquent pas de gagner le tournoi de boules. Ça leur apprendra.


Un an après le prix Ricard, un groupe de collectionneurs lance en 2000 le prix Marcel Duchamp  dont « l’ambition est de distinguer un artiste français ou résidant en France, représentatif de sa génération. (…) À l’image de l’artiste essentiel qui lui prête son nom, ce prix souhaite rassembler les artistes de la scène française les plus novateurs de leur génération et encourager toutes les formes artistiques nouvelles qui stimulent la création. » *
Euh, moi pas comprendre encore non plus. Comment encourage-t-on toutes les formes artistiques nouvelles en distinguant un artiste ? Comment est-on à la fois représentatif de sa génération et le plus novateur ? Comment distinguer en rassemblant ? Ou est-ce rassembler en distinguant ?  C’est pareil ou pas ? La logique m’échappe. J’ai l’impression que c’est un peu de droite l’ADIAF, non ? En fait, j’ai vaguement en tête des discours de Sarkozy… De toute façon avec les jurys, on est tranquille : pas de compte à rendre. Ils discutent dé-libèrent et tranchent. C’est même devenu un spectacle télévisuel, adaptable à de nombreuses pratiques mais toujours avec un gagnant, un prix et des concurrents qui se font éliminer… Ça apprend la vie. Ça habitue au rejet, à l’exclusion et au licenciement. Le libéralisme à la Milton Friedman, avec un peu du spectaculaire des jeux du cirque romain. On peut même faire participer le public, le faire payer, le responsabiliser… C’est ce que fait Le Prix Sciences Po pour l’Art Contemporain. Enfin, non, ils ne font pas encore payer les votes, mais « en plus du prix décerné par un jury avec des noms prestigieux et surprenants, (…) un Prix du Public symbolique est décerné chaque année. » ( Ce sont les étudiants, les profs et les employés qui votent.) C’est sur leur site * avec cette recommandation : « Pensez à visiter l'exposition avant de voter ». Enfin, bon ce sont des étudiants… qui nous annoncent la cérémonie : « Il y aura un cocktail, plusieurs DJ sets et des performances. Mais l’entrée est sur invitation... » Ils doivent avoir un super prof de comm dans ce master !

Je me demande quand même si pour ces prix, l’idée n’était pas de copier le Turner Prize. Or, on est quand même très loin ! Je me souviens, on avait bien ri devant Channel 4 en 1999 lorsque Tracey Emin avait quitté le plateau en direct. J’avais trouvé ça très fort. C’était un vrai spectacle, une superbe performance.

Allez, on retraverse la Seine, mais on ne s’éloigne pas trop quand même : « Que pensez-vous du Prix Meurice pour l'art contemporain et des artistes présentés ? Avec glamour ou humour, légèreté ou passion, laissez votre commentaire. » Il y en a quatre, dont « sympas comme site » et « bel événement, belle initiative, vive l’art !!!! ». Je vous avais dit, ce n’est pas le Turner, et au prix de la chambre, je ne vais quand même pas corriger les fautes d’orthographe de leurs faux posts.
Pourtant, là aussi, c’est aussi un jury qui décide. Colette Barbier, qui a réintroduit la notion de « prix » en art en France y siège en voisine. « Dans cet hôtel, l'art se confond avec un certain génie français, car ce luxe-là est de nature à exprimer la créativité et l'innovation, historiquement, un état de l'art à son plus haut. » *
« Déconstruire nos systèmes de croyances et nos idées préconçues », c’est ce que fait l’artiste qui a gagné avec l’œuvre « Les arabes et les services ». Il partage le prix avec sa galerie. C’est bizarre, quand même ce mécénat d’entreprises privées à but lucratif, non ? C’est sous la rubrique « Tout sur le projet gagnant ».
Pourtant j’aime bien le travail de Neil Beloufa… Pardon Neil, je déconstruis, moi aussi. Allez, un peu de tous et de chacun d’entre nous, ce n’est quand même pas tous les jours pour un hôtel de têtes couronnées, et voilà l’invitation : « Ouverte à tous gracieusement, cette exposition permet non seulement à chacun d’entre nous de découvrir le travail de ces jeunes talents en devenir, mais offre surtout à ces futurs « Très Grands » une vitrine inégalée auprès de tous les curateurs, collectionneurs et autres intervenants importants du monde de l’art contemporain. » Je ne commente pas, on va encore me dire que je tape sur les stagiaires.

Oups, j’allais oublier le Audi Talents Awards *, lancé un an avant le Meurice. Dans la catégorie art contemporain, six gagnants, une femme. Ils suivent de près le Meurice, sept gagnants, une femme. En comptant les autres disciplines, c’est quatre femmes sur vingt-neuf hommes. OK, bon, c’est un truc de talent et de mecs. Le dernier élu est Ivan Argote, 29 ans, qui « parle d’avenir en regardant l’Histoire dans les yeux. »* 
Pardon, Ivan Argot, là, c’est vrai, on ne peut pas dire que je déconstruis vraiment, c’est plus du copiage…

N’est-ce pas quand même une drôle d’idée de considérer qu’un prix va « contribuer au rayonnement international de la scène artistique française » ? N’est-ce pas un peu vieillot, voire politiquement dépassé, de reprendre le modèle de l’école communale qui remet officiellement ses prix de fin d’années aux meilleurs élèves ? Ça sert à quoi de désigner parmi plein d’artistes celui qui est plus quelque chose que les autres ? Ça créé quoi comme contexte, comme émulation ? On peut en parler ou c’est tabou, parce que c’est toujours bien qu’un artiste reçoive de l’argent…
On nous a fait croire que la compétition était la meilleure façon de créer des richesses, alors que ce n’est pas sûr du tout - du tout du tout du tout. Ce ne serait pas une idée préconçue à déconstruire, ça, dites donc ?
Et « que le meilleur gagne », ce n’est pas un peu ringard, un peu vieux jeu de droite, ennuyant et anti-art ?



« La plus grosse exposition de peinture » est un anti-prix : pas de jury avec des personnalités de renoms. Ce n’est ni un procès, ni une audition, ni un jeu télévisé. Pas de gagnant - ni de perdants d’ailleurs : ce n’est ni une course de cheval, ni un combat de coqs, ni le Monopoly. Pas de super-représentants, ni de cérémonies initiatiques.
D’ailleurs, c’est marrant ce « représentatif » qui revient. D’habitude, les institutions ont plutôt tendance à parler d’émergents. Des termes non synonymes mais qui sont presque interchangeables. En fait, je ne sais pas qui ça intéresse de savoir qu’un artiste émerge, à part lui-même, sa galerie et ses proches, pourtant c’est l’argument passe partout, le blanc au Scrabble.
Alors, j’espère que c’est le contre argument visuel qui se dégage du TUMBLR.
Enfin, il me semble que ça se voit. Qu’il se passe autre chose que de l’émergence de jeunes artistes émergents. Je doute même que ça vous vienne à l’esprit en regardant cette collection : « Tiens, un émergent ! » J’ai même tendance à penser que l’idée d’émergence n’est pas ce qui ressort de cette accumulation. On n’est plus dans l’art chrétien, les révélations, c’est fini. Il se passe autre chose. La persistance de la pratique de la peinture est vraiment étonnante, même dans les pratiques les plus nouvelles, mais j’ai l’impression que sur ce TUMBLR, on voit plus les ressemblances que les différences… Que cette hyper production n’est pas seulement une donnée quantitative, mais qu’elle devient qualitative, c’est-à-dire un phénomène nouveau, comme de l’eau très chaude qui à un moment devient gaz.
J’ai l’impression qu’il ne s’agit plus de compter les artistes, ni de les classer mais de regarder l’effet de tout ça, de tout ce qu’on voit aujourd’hui. 
Peut-être même que ce tout pourrait se regarder comme une œuvre.
Peut-être faudrait-il y réfléchir comme on analyse de la musique, comme Adorno parlent des tensions dans l’œuvre d’art, peut-être qu’on peut parler de contradictions non résolues dans de nouvelles formes d’accumulation.
À quel moment et comment l’excès qui peut se ressentir déjà à travers du TUMBLR, devient-il cet événement physique et performatif qui produit autre chose.
Peut-être s’agit-il d’un véritable changement sociétal, comme les débuts des signatures d’artistes, à la fin du Moyen-Âge. La révolution technologique du web est peut-être à mettre en parallèle avec l’imprimerie…



Et la pétition, ben c’est une sorte de blague.
Mais à l’injonction optionnelle « Pourquoi signez-vous ? » de la page web de la pétition, mon camarade Dagara Dakin a répondu plutôt sérieusement: « Pour le défi. (…) Pour la folie de l'expérience. Pour les limites de la performance... Enfin, et surtout pour en savoir plus sur l'effet que peut procurer une orgie picturale : Le dégoût du goût ? Ou un râle de contentement général, global et total... »

Enfin c’est quand même une blague pour laquelle j’ai besoin de vous.
SIGNEZ, c’est une blague performative.
( Je ne l’explique pas, la blague, hein ? )

Thursday, September 12, 2013

Transmission: the punch in the face in Lyon

A petition for the Palais de Tokyo? For real? My friends as well as readers I don't know have told me I wasn't clear. I'm sure they're right.
I've just been on the web site of the Biennale de Lyon and realized that ambiguity in discourses is maybe too risky nowadays in art. The smoke screen strategy might not be an good idea anymore.
For example when Thierry Raspail, director of the Biennale, choses a Roe Ethridge photo (below left) to open the site and as the main poster for the event, is he questioning the relationship between art and advertising? Is he taking a critical position?
I will be quoting the online interview, which of course isn't one... It must be the intern again who had a brilliant idea: "What if we did the press release as if it were the interview of the director, it would make it more fun for the reader, more dynamic..."
"Biennales de Lyon – the rules of the game.
Since the first Biennale in 1991, I have invited my guest curators to think in terms of a key word. The word remains the same for three successive Biennales and is always a common word with topical connections and a fairly vague semantic range, a word capable both of artistic and societal interpretations. The first word, in 1991, was History. Then in 1997 it was Global, followed by Temporality in 2003 and, from 2009 to 2013, Transmission. Biennales de Lyon – the rules of the game"

Then the translator cannot be bothered to finish the sentence, so I'll do it myself. "Each of the curators works with their interpretation of the term according to their sensitivity."

Thus the image of this public school young man with a black eye? What would have changed if other words from the press release had been chosen? Like "successive, vague, societal, sensitivity"?

"As an matter of fact, art today is doing nothing else but telling stories, with new forms of narratives which we too often tend to reduce to styles, but this is much more than this..."

The translator had also "censored/avoided" this last sentence. I sort of guess why in a way... Who is this we he's taking about? We black people? No, of course not, Thierry Raspail is not black. We, the people who tend to reduce art to styles.
At this point I start to wonder if there were two false interviews, as the English version develops "the sacred marriage of European structuralism and American academic textuality", whereas on the French version, you can read:

"On the other hand, it has been forgotten that artists too tell stories: it can be the account of the news, fictions, biographies, diaries, tragic or happy stories... These are new narratives, painted, sculpted or a combination of both, with or without screen, with or without text, that the 2013 Biennale is showing."



I'm confused. Is this a form of humour based on ambivalence or the grey areas within logic? Is this a satire? Is Thierry Raspail playing with a pretend advertising discourse? Is he questioning the virus of marketing rhetoric? Does he use the re-appropriation of speech acts in order to criticize them? Does he imply that the art audience is being told fibs? Is the message to wake up? Is Thierry Raspail cynical? Does he manipulate linguistic codes to make the audience realize how art theory in France has been turned into a gigantic press release? Once again, the next sentence has been deleted from the English version...

"Narratives have literally swamped our environment. Internet and social networks have played a major role in this phenomenon as well as politics, science and poetry. It's now artists' turn to take the floor. The little Prince said: "tell me a story" and the poet drew it."

The Little Prince!! Please! Like Glamour's journalist on Loris Gréaud... Is this a joke?
In my last newsletter about Gréaud, I had also quoted articles from Citizen K, Le Bonbon (a free style magazine), Le Figaro Madame or Rue 89, hoping to give a hint about the satire... here I found the popular ex canal + TV presenter Denisot in Vanity Fair France:

« Stories are Vanity Fair stars and that's exactly what we offer you. »


(click here for references on the image on the left, here for the image on the right) 

Ah well... Is this punch in the face of the private school boy as a symbol of transmission, in the series "History, Global and Temporality" a reference to the recent outburst of gay bashing in France, the ongoing violence against women?
By the way, the subtitle is "In between... suddenly and then". Interesting, isn't it?
Otherwise, there's a sort of "4Homes" trailer on the exhibition's set up and a competition: "Write your own history of art in 2013 words and the best three will be published in Télérama!" (which is the equivalent of Radio Times) and lots of emerging artists.

Don't forget to sign my petition. Yes it is a performance. I'll tell you all about "The biggest painting show - ever" in the next newsletter.

Le coup de poing de transmission à Lyon

Une pétition pour le palais de Tokyo ? En vrai ? Mes amis, et même des lecteurs que je ne connais pas me reprochent mon manque de clarté. Ils ont certainement raison. 
Récemment, c’est en parcourant le site de la Biennale de Lyon, que je me suis rendu compte que l’ambiguïté des discours était peut-être trop risquée aujourd’hui en art… Brouiller les pistes, ça n’est peut-être plus une bonne idée. 
 Par exemple, lorsque Thierry Raspail, le directeur de la Biennale choisit la photo de Roe Ethridge (ci-dessous à gauche) pour ouvrir le site, cherche-t-il à questionner les rapports de l’art avec la publicité ? Est-ce une prise de position critique? Il s'explique dans une interview. Enfin, bien sûr, ce n'en est pas une. C'est encore un stagiaire qui a eu une bonne idée. « Et si pour le dossier de presse, on faisait comme si c'était une interview? Oh ouais, super, ça va faire plus vivant... » 

 
« Thierry Raspail, quelle est la règle du jeu de cette 12e édition de la Biennale d’Art Contemporain ?
- Depuis la création de la Biennale en 1991, j’ai choisi de lier trois éditions successives à un mot. Après avoir été co-commissaire des trois premières Biennales autour du mot Histoire, j’ai choisi pour les trois suivantes d’inviter trois commissaires successifs autour du mot Global. Puis, il y en a eu trois autour du mot Temporalité, et c’est avec le mot Transmission que nous achevons en 2013 ce quatrième cycle. Chacun des commissaires invités interprète le terme selon sa sensibilité. »
 

D’où cette image d’un jeune homme bcbg avec un œil au beurre noir ? Et pourquoi pas successif, invité, ou sensibilité comme mots ? Ça changerait quoi ? 

« En effet, l’art d’aujourd’hui ne fait rien d’autre que raconter le monde, et il le fait avec de nouvelles formes de récits que trop souvent nous réduisons à des styles, mais c’est bien plus que cela…. »
Euh… Ce nous, c’est qui ? Nous les noirs ? Ah non, zut, Monsieur Raspail n’est pas noir, et moi non plus. C’est le nous des réducteurs au style. Ah ben merci. Là, je fais une petit check sur les pages en Anglais. Cette dernière phrase par exemple n'y est pas... Et en français, rien sur "the sacred marriage of European structuralism and American academic textuality" le mariage sacré du structuralisme européen et de la textualité académique américaine. Tiens tiens...

« Par ailleurs on a oublié que les artistes, aussi, racontaient des histoires : ça peut-être aussi bien le récit de l’actualité, que des fictions, des biographies, des journaux intimes, des histoires tragiques ou heureuses… Et ce sont ces nouveaux récits, peints, sculptés ou le plus souvent mixtes, avec ou sans écran, avec ou sans texte, que présente la Biennale 2013. »

Je suis perplexe. Est-ce une forme d’humour de l’ambivalence, la stratégie du flou ? Est-ce une satire ? Thierry Raspail joue-t-il avec un faux discours de pub ? Questionne-t-il la rhétorique marketing devenu virus ?  Se réapproprie-t-il une argumentation pour la critiquer ? Veut-il dire qu’on nous raconte des histoires, des bobards au public de l'art ? Le message est-il : réveillez-vous ! ? Thierry Raspail est-il cynique ? Manie-t-il les codes linguistiques pour nous faire comprendre à demi-mot que la théorie en art en France, c'est comme un grand dossier de presse ?

« Aujourd’hui, les récits ont littéralement submergé notre environnement. Internet et les réseaux sociaux en ont été les acteurs majeurs à côté de la politique, de la science et de la poésie. Et c’est maintenant au tour des artistes de prendre la parole e récit, en image et en art. Le Petit Prince a dit : « Raconte-moi une histoire », et le poète l’a dessinée… »

Encore Le Petit Prince! Aïe, aïe... comme la « journaliste » de Glamour sur Loris Gréaud. Est-ce une blague ?
Dans cette précdente newsletter sur Gréaud, j’avais aussi cité des articles de Citizen K, Le Bonbon, Le Figaro Madame ou Rue 89 pour faire comprendre qu'il sagissait d'une satire, là je vous ai trouvé Denisot dans Vanity Fair :

« Les histoires sont les stars de Vanity Fair et nous vous les offrons. »

(lien pour l'image de gauche, lien pour l'image de droite )
Alors… ce coup poing, symbole de la transmission dans la série Histoire, Global, Temporalité, c’est une référence aux violences contre les homosexuels ou celle faite aux femmes ?
Ah, et puis, j'ai oublié de vous dire, le sous titre c'est « Entre-temps... brusquement, et ensuite ». Ç a fait réfléchir quand même. Sinon, il y a un petit film genre trailer pour « La maison france 5 » sur le montage des expos, un concours : « Écrivez « votre » histoire de l’art en 2013 signes, Les trois meilleures nouvelles seront publiées dans le magazine Télérama » et beaucoup d'artistes qui émergent.

N'oubliez pas de signer ma pétition… C’est une performance. Dans la prochaine newsletter, j’explique tout sur « La plus grande exposition de peinture de tous les temps ».

Friday, July 12, 2013

Loris Gréaud : une critique de l'institution au plus haut niveau

Loris Gréaud : une critique de l'institution au plus haut niveau


OK, c'est les vacances, mais là, il faut prendre le temps de la réflexion.

Si Loris Gréaud était trop jeune pour suivre en direct la chute de l’Union Soviétique et pour se souvenir des images des monumentales statues de dirigeants qui tombent, il a sûrement vu les films de l'artiste lithuanien Deimantas Narkevicius. Plus récemment, il n’a pas pu échapper au déboulonnage de l’effigie de Saddam Hussein. Car c'est bien à ce dernier que j’ai pensé sous la Pyramide du Louvre où l'artiste montre une de ses récentes commandes .

Les images prégnantes du pouvoir qui s’écroule -et pas seulement en Irak- sont présentes en creux dans cette œuvre où la notion même d’absence est sculptée dans un matériau dense. C’est aussi les images des corps morts musulmans prêts à être enterrés qui viennent à l’esprit, ceux des photos publiées par dizaines depuis le conflit syrien… Et puis on pense à Cristo et à une silhouette humaine. En fait il s’agit d’un emballage/reconstitution de « l’Esclave rebelle » de Michel-Ange, sorte d’icône gay au titre à forte charge politique de Michel-Ange.

Si les références des images de massacre et de représentation du pouvoir dictatorial sont là sans y être, l’esthétique de Gréaud est très classique. C’est presqu’un Rodin sous bâche qui promet aux visiteurs du Louvre une inauguration prochaine. C’est donc plus la symbolique de la statuaire d’Etat qui est reprise ici, dans une sorte de nostalgie conformiste du dix-neuvième siècle. Ce trompe-l’œil anachronique ne cache pas longtemps qu’il n’y a rien sous cette coquille monumentale, exprimant par là le vide artistique de la commande artistique contemporaine. Ce n’est d’ailleurs pas sans humour qu’il confie à Jean-Max Colard dans Les Inrocks vouloir « étirer au maximum ce désir de voir le drap soulevé » tant il est clair que ce n’est pas prévu dans le dispositif. Cette mise en scène d’une  inquiétante vacuité se révèle donc une critique retenue mais corrosive de l’institution et de son histoire, tout autant que des attentes bourgeoises et ludiques du public.

Cette pièce est à mettre en parallèle avec celle que le Centre Pompidou lui a commandée en même temps. Dans ce deuxième lieu à fort potentiel de visibilité et hautement symbolique, il investit la notion de prise de risque et celle du « grand saut ». On pense bien sûr à la photo de Klein, à l’anecdote de Paul McCarthy qui reprend l’idée de la performance et qui se blesse. On pense aux chutes poétiques de Bas Jan Ader et à certaines performances de Chris Burden, ou  peut-être à cette photos de Sarah Charlesworth's photo « Unidentified Woman, Genesse Hotel ». En fait, Gréaud choisit de montrer ici un saut de métier, une action dédramatisée. Le risque est absolument maîtrisé et interprété par des professionnels, pour qui l’exercice semble ridiculement facile. Car ce ne sont pas des artistes du cirque qu’il a invité à Beaubourg, ni des pompiers, mais des cascadeurs qui atterrissent sur un très gros coussin.
Si on n’est pas spécialiste d’art contemporain, on pense aux stages de sauts en élastique pour la confiance en soi ou à ces pratiques pour le fun. En revanche, on ne pense pas aux images du 11Septembre, car comme l'artiste l’affirme, (toujours dans Les inrocks) : « Cette sculpture et cette manière complètement neutre de tomber (…) désamorcent toute relation aux tours du 11 septembre. » Il s'agit ici bien-sûr d'humour. Un humour grinçant qui confirme cette volonté de l’artiste de ne pas donner son avis sur les conflits politiques de son temps, tout en leur faisant référence implicitement. Un peu plus loin, il donne les clés de son cynisme très particulier « c’est plutôt une machine et dans ce sens, c’est anti-spectaculaire. » La formule est ouvertement moqueuse. Qui pourrait se laisser berner par le faux spectacle d'une machine ? Le spectateur serait-il aussi crédule que l’institution ? Peut-être que la réponse est dans le titre, ce « I », qui entre crochets à la Worlford, veut dire « je » en anglais ou « un » en chiffre romain.
« Loris Gréaud nous positionne ainsi dans le questionnement » peut-on lire dans France Fine Art. « Qui fait oeuvre, le mouvement celui du geste de l'infini, le créateur artiste ou ces hommes qui la pratiquent, la gravitent et se jettent dans le vide ? Loris gréaud nous prouve qu'elle est le tout ». Dans Le Bonbon, Loris Gréau est « ce qui se fait de mieux en termes d'art contemporain ».

« Quant à la critique des oeuvres, elle appartient aux critiques d'art » répond-il en interview. C'est donc plutôt dans une presse mode qu'on retrouve l'artiste. Celui que Marie Salomé Peyronnel nomme dans Glamour « le petit prince de l'art contemporain », que Citizen K décrit comme « un animateur dans l’âme » pour qui « quand on nomme un chose, elle disparait », et à qui « cette double exposition permet de nous faire partager ses rêves » comme le titre Le Figaro Madame, propose ici une critique acerbe et aiguisée du vide politique de l’art français.

Si, comme l’affirme Aude de Bourbon Parme dans Rue 89, son exposition au Palais de Tokyo en 2008 avait révelé que l’ambition était encore mal perçue en France, il met aujourd'hui en exergue les fausses promesses des instances artistiques tout en dénonçant la professionnalisation des artistes, remplacés par des cascadeurs aux prises de risque minimes. Une puissante leçon de critique institutionnelle.




(articles sur le projet sur un tumblr special presse)

images (cliquez sur les images pour les voir en plus grand)
1.Loris Gréaud, (1) Louvre, 2013
2. Statut of liberty opening French Consulat, NY
3. Sculpture for the French village Althen-des-paluds, by Marcella Kratz, 2005 '
4. Deimantas Narkevicius, still from “Once in the 20th Century” BetaCam, 7 min, 2004.
5. “The Rebel Slave” michaelangelo
6.Houla (Syrie), le 26 mai 2012. (SHAAM NEWS NETWORK / AFP)
7 & 9. Loris Gréaud, (I)Centre George Pompidou
8. "9/11" photo by Jose Jimenez/Primera Hora/Getty Images
9.Yves Klein, le saut dans le vide. 1960. Photomontage
10. Bas Jan Ader, still from "Fall II",  Amsterdam, 16mm, 19 sec
11. Bas Jan Ader, still from Fall I, Los Angeles, Bas Jan Ader, 16mm, duration: 24 sec
12.Sarah Charlesworth's photo « Unidentified Woman, Genesse Hotel »
13. logo Wolford
14. Logo Loris Gréaud

Loris Gréaud: French institutional critique at the highest level

Loris Gréaud: French institutional critique at the highest level.


I know, it's summer... But if you happen to be visiting paris, you shouldn't miss these extraordinary and powerfull pieces.

If Loris Gréaud was too young to witness the fall of the Soviet Union and that of its leaders' monumental statues, he may have seen Lithuanian artist Deimantas Narkevicus’ films. More recently, he couldn’t have avoided the debunking of Saddam Hussein’s effigy. It’s actually about him that I thought, when I saw Loris Gréaud's new commissioned work for the Louvre Pyramid.



The powerful images of power going down -and not only in Iraq- are very much present in this work where the notion of absence is carved into a apparently dense material. It's also the images of dead Muslims ready to be burried that come to mind, wrapped bodies seen in so many photos from the Syrian conflict. And then maybe some will think about Cristo and about a mysterious human figure under the folds. In fact the work is the reconstruction of the veiled Michel-Angelo's sculpture "The rebel Slave", a sort of gay icon with a very strong political title.
If these images of massacres and dictatorial power are there without being there, Gréaud's aesthetic is deliberately very classical. The piece is like a Rodin waiting to be unveiled in front of the crowd of tourists queuing to get in. It's therefore more the symbol of State statuary that is being openly referred to here, in a sort of nostalgic and conformist imitation of a 19th century piece. But this anachronistic trompe-l’œil doesn't hide for long that there's nothing under the monumental cover, thus expressing the emptiness of contemporary art commissions in France. It's not without humour that the artist tells Jean-Max Colard in the magazine Les Inrocks that he wanted to "stretch to its limit the desire to see the veil taken away", when it's obvious that it’s not meant to happen. This uncanny emptiness is actually a hidden but severe critique of French institutions, and at the same time a cynical comment on the audience's bourgeois and playful expectations.
This piece is to be seen with the second commission he got from the Centre Pompidou. In this highly visible and symbolic space, the artist chose to tackle the notion of risk taking with the "the big jump".
It's Klein's photo that first comes to mind  as well as Paul McCarthy's accident while trying to jump in the void for real... It’s also Bas Jan Ader's poetic falls and other performances by Chris Burden or maybe Sarah Charlesworth's photo "Unidentified Woman, Genesse Hotel" . In fact, here, Gréaud chooses to stage a professional jump, a cold and de-dramatized action. The risk is absolutely controlled and dealt with by trained people; not circus artists or firemen but stunt men and women, for whom a jump of about 13 yards onto a deep mattress seems ridiculously easy.

If you're not in to art, you might be thinking of self-confidence workshops, or just bungee for fun. You are not thinking about people you saw (live on tv) jump from the Twin Towers on fire, since, as the artist puts it: "This sculpture and this completely neutral way of falling  (…) are defusing all possible relation to 9/11. " His sense of humour isas dark and cynical as his work. Political conflicts of his time are implicitly referred to but he refuses to take position. It's a bit further down in the article that he gives more clues about his cold and cool attitude: "It's more a machine and in this sense, it's anti-spectacular. " In a way, who would be stupid enough to be tricked by the false spectacle of a machine? Could the audience be as dumb as the institution? Maybe the answer is to be found in the title, this "I" between brackets, designed a bit like the Worlford's logo. Me, or the "one" of roman numerals.
 As a journalist has it in France Fine Art: "Loris Gréaud puts us in the position of being questioned. Who makes the piece, the movement of the gesture of infinity, the artistic creator or these men who practice it, gravitate it and throw themselves in the void. Loris Gréaud proves us that the piece is everything." I swear I'm just translating. In Bonbon, he is described as "what’s best in terms of contemporary art in France today." In another article he claims that "the critique of the work belongs to art critics." It's without surprise that you'll find him more in music and fashion press that you can read about him. Marie Salomé Peyronnel in Glamour calls him "the little prince of contemporary art". In Citizen K, he is described as "a natural master of ceremony" for whom "when you name something, it disappears". Strange and personal take on language... but with "this double exhibition allows the artists to share his dreams with us" states Le Figaro Madame. It is therefore a very sharp and cutting critique of the current void in the French art see that Gréaud is staging here.
If, like Aude de Bourbon Parme has it in Rue 89, his solo exhibition at the Palais de Tokyo in 2008 revealed that ambition is still very badly perceived in France, he's making a strong statement today about the false promises of the official art world. At the same time, he blows the whistle on the over-professionalization of artists, replaced by minimum risk taking stuntmen and women. A strong lesson in institutional critique.


(articles on the projet can be found on a special press tumblr )

(I do apologize for my English mistakes)

images (click on images to enlarge them)
1.Loris Gréaud, (1) Louvre, 2013
2. Statut of liberty opening French Consulat, NY
3. Sculpture for the French village Althen-des-paluds, by Marcella Kratz, 2005 '
4. Deimantas Narkevicius, still from “Once in the 20th Century” BetaCam, 7 min, 2004.
5. “The Rebel Slave” michaelangelo
6.Houla (Syrie), le 26 mai 2012. (SHAAM NEWS NETWORK / AFP)
7 & 9. Loris Gréaud, (I)Centre George Pompidou
8. "9/11" photo by Jose Jimenez/Primera Hora/Getty Images
9.Yves Klein, le saut dans le vide. 1960. Photomontage
10. Bas Jan Ader, still from "Fall II",  Amsterdam, 16mm, 19 sec
11. Bas Jan Ader, still from Fall I, Los Angeles, Bas Jan Ader, 16mm, duration: 24 sec
12.Sarah Charlesworth's photo « Unidentified Woman, Genesse Hotel »
13. logo Wolford
14. Logo Loris Gréaud